Quand nous avons célébré la messe ce dimanche…

…. c’était bien sûr uniquement aves les frères et soeurs. Quelle tristesse de ne pas avoir pu partager avec vous le pain de la parole et de l’Eucharistie ! Nous avons bien conscience d’avoir beaucoup de chance de pouvoir continuer à célébrer la messe. 

L’homélie, bien sûr, vous était destinée à tous. 

Nous vous l’envoyons dans cette semaine où la rencontre avec la femme de Samarie, au bords du puits, continue à habiter notre prière. 

Nous espérons qu’elle pourra vous rejoindre et vous aider à prier. 

 

Il est des jours où tu te sens las,

las de donner, las de recommencer, las de puiser, de remonter l’eau seau par seau sans jamais suffire à la tâche. Las peut-être de la solitude, las des infos décourageantes, las même d’avoir peur de contracter ce virus qui semble vouloir se répandre partout… Et parfois, c’est au moment même où tu dis : « Je n’en peux plus », qui peut se traduire par : « J’ai soif », que le Christ, pour toute réponse, te dit calmement : « Donne-moi à boire ! »

Pour refaire tes forces, pour te sortir de ta peur, de ta solitude, de ta lassitude, il te demande un service ; pour te rendre confiance, il te donne de donner, de lui donner. De lui offrir quoi en guise d’eau fraîche ? – quelques moments de vraie gratuité, de véritable écoute, de prière sans témoins et sans fard ; quelques instants où tu essaieras de coïncider avec le vouloir du Père, tel que tu es, avec tes misères et tes richesses que le Christ connaît mieux que toi. Cette occasion favorable, Dieu semble vouloir te la donner en ces temps où tu vas peut-être prier chez toi, seul avec le Seul qui t’habites déjà.

Mais ici et maintenant,

le Christ traverse ta route aujourd’hui

comme celui qui s’invite et t’invite.

Jésus n’était pas invité par la femme de Samarie, qui ne pensait qu’à son eau pour son dernier compagnon de vie. C’est lui qui a pris l’initiative, comme il le fait aujourd’hui pour toi. L’important, à ces tournants de la vie, est de ne pas fuir la rencontre, de ne pas esquiver le regard du Christ en rêvant à une autonomie qui rendrait moins visible ton engagement, moins franche ton option pour le Royaume, moins austères ta route et ta solitude avec lui. Finalement, ce qui se passe autour de toi – comme cette histoire de pandémie, il peut en tirer un plus grand bien… pour toi

La Samaritaine a cru d’abord s’en tirer à bon compte. Elle a joué à la plus fine, elle s’est défendue par tous les moyens et elle s’est dérobée, car elle vite pressenti ce qui lui serait demandé, au bout de cette invitation : une conversion du cœur, un retournement de sa vie.

Le Christ t’interpelle aujourd’hui comme celui qui sait.

C’est lui qui te dit « tout ce que tu as fait », avant même que cela ne te soit monté au cœur. Il sait déjà, mais il veut que tu dises toi-même ; il tient à ce que vienne de toi la parole qui libère avant qu’il prononce lui-même la parole qui sauve. « Il sait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2,25 ) ; il connaît ton histoire, l’espérance que tu portes et tes moments de fragilité. Malgré tes lassitudes et tes compromissions, c’est à lui que tu as décidé d’appartenir, et pour rien au monde tu ne voudrais quitter sa présence ni trahir son amitié. Tout cela, il le sait : Il sait bien que tu l’aimes (Jn 21,15-17)

Le Christ te visite aujourd’hui comme celui qui sauve.

Il accueille tout, pour tout recréer ; il veut tout, pour tout sanctifier, et il te dit, comme à la Samaritaine : « Va chercher ton passé, tout ton passé, et donne-le moi ». Avec Jésus le passé n’arrête jamais l’avenir ; et s’il met en lumière tes blessures, c’est pour t’ouvrir un chemin de liberté.

L’initiative de Jésus n’est jamais culpabilisante, et le calme avec lequel il conduit le dialogue souligne bien qu’il ne travaille pas par pressions morales, mais au niveau de la vérité : « Tu dis bien ; en cela tu dis vrai ! » C’est déjà vivre le salut que d’être vrai avec le Sauveur, sans louvoiements, sans dénégations, sans calculs. Face à son regard de miséricorde, laisser descendre la vérité au fond de l’être : c’est cela qui libère.

Le Christ vient à toi aujourd’hui comme celui qui envoie.

« Venez voir ! » dit la Samaritaine à ceux-là mêmes qu’elle avait peur de croiser car il la jugeaient. Elle leur apporte seulement un témoignage et une question. Un témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait ! » ; et, paradoxalement, sa mauvaise conduite passée rend son témoignage encore plus percutant. Quant à la question, elle résume le cheminement de sa propre foi : « Cet homme qui m’a abordé, qui m’a parlé, ne serait-il pas le Messie ? »

Toi qui croises Jésus au midi de ta vie, toi que Jésus restaure en te faisant confiance, réponds sans crainte à son amitié et deviens à ton tour témoin de sa grâce. Annonce à tous les tiens ce qu’il a fait pour toi : il t’a libéré(e) en te rendant tes liens ; il t’a appelé(e) sans te contraindre ; il t’a demandé à boire, Lui, la source de l’eau vive. Laisse-là ta cruche auprès de lui. Va vers tes frères. Peut-être ne le pourras-tu pas tout de suite au vu des circonstances actuelles mais tu peux toujours en attendant, te tenir aux pieds de Jésus en ton coeur et te laisser enseigner tout ce que tu devras faire car l’annonce se fait en priorité par un témoignage de vie.

Nous restons en communion de prière avec vous tous !

Bien fraternellement,

tous les frères et soeurs de Vézelay.

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